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Basilique Saint Pierre au Vatican

Basilique Saint Pierre au Vatican
Basilique Saint Pierre au Vatican

La basilique élevée par Constantin dura onze siècles. Vers Fan 1440, elle menaçait ruine, et Nicolas V entreprit de bâtir un nouveau Saint-Pierre. Ce pape fut un homme d'un vrai génie et qui peut-être aima les arts d'un amour plus sincère que Léon X lui-même. On démolit par ses ordres le temple de Probus Anicius, situé tout près de l'ancienne basilique; et, sur la place qu'occupait le temple, on jeta les fondements d'une nouvelle tribune en dehors et au couchant de l'ancienne église, à laquelle on ne toucha point. Rossellini et LéonBaptiste Alberti furent les architectes de Nicolas V ; mais ce prince mourut (1455), et le nouvel édifiee, qui n'était élevé que de quatre ou cinq pieds au-dessus du sol, fut abandonné. Quelques années après, Paul IF, Vénitien, donna cinq mille écus pour le continuer. Toutes les nations de la chrétienté faisaient des offrandes à Saint-Pierre de Rome. Leur produit était si considérable, que le clergé de l'église était largement payé par les offrandes reçues à certaines fêtes de l'année, depuis l'heure de tierce jusqu'au lendemain.
Enfm parut sur le trône pontifical Jules II. Ce pape avait le génie des grandes choses. Si l'on considère ce qu'il a fait et l'âge avancé auquel ït lui fut permis de commencer à agir, on peut le comparer àjflapoléon. H n'a régné que dix ans, de 1505 à 1513. Il était né à Savone, et s'appelait delia Rovère (du Chêne). De là le chêne qui formait ses armes et que l'on retrouve en mille endroits de Rome. Jules II voulut finir SaintPierre ; il se connaissait en hommes, et choisit le dessin du célèbre Bramante Lazzari; il lui dit de chercher à faire la plus belle chose du monde et de ne pas songer à la dépense.

Bramante admirait la coupole de la cathédrale de Florence; il sentit que cet ornement, par son inutilité et par sa grandeur, convenait à la religion chrétienne. Bramante se proposa de surpasser la coupole de Florence : la sienne devait être éclairée d'une vive lumière ; il avait élevé jusqu'à la corniche quatre énormes piliers destinés à la soutenir, lorsque la mort l'arrêta.
L'église devait avoir la forme d'une croix grecque (dont les quatre branches sont égales).
Bramante mourut en 1514, une année après Jules H. L'aimable Léon X parvint au trône, d'où le poison le précipita neuf ans plus tard, en 1522. Il donna pour architectes à SaintPierre Julien de San-Gallo et le grand Raphaël. Ils fortifièrent les fondations des quatre piliers, qu'ils jugèrent trop faibles pour soutenir une coupole immense. Raphaël conçut, dit-on, le projet de donner à l'église la forme d'une croix latine, celle qu'elle a maintenant. En 1520, une imprudence d'amour et l'erreur d'un médecin conduisirent ce grand homme au tombeau. Les architectes nommés par plusieurs papes changèrent souvent le plan de l'édifice. Enfm Paul III, ne se laissant point égarer par des intrigues puissantes, donna la direction de Saint-Pierre à Michel-Ange (1546).
Ce grand homme eut l'idée de donner au dôme de SaintPierre la forme du Panthéon; il fit le modèle, mais il mourut avant que la coupole fût achevée. Heureusement Michel-Ange était à la mode lorsqu'il mourut, et, malgré l'envie qu'ils en avaient, on empêcha ses successeurs de changer le dessin de la coupole. Elle ne fut achevée qu'en 1573, par Jacques delia Porta. La voûte extérieure fut construite eu vingt-deux mois, sous Sixte-Quint; mais les architectes changèreut le dessin de la façade, qui, au lieu du triste placage que l'on voit aujourd'hui, devait se composer de colonnes isolées comme celles du Panthéon. L'obscurité qui règne au fond des portiques de ce genre convient tout à fait à la religion chrétienne. Le vestibule actuel de Saint-Pierre pourrait mener à un théâtre.
Paul V (Borghèse) eut la gloire de terminer le plus bel édifice du monde. Charles Maderne, plus courtisan qu'architecte, reprit l'idée de la croix latine, afin de renfermer dans la nouvelle basilique tout l'espace occupé par l'ancienne, et qui avait été consacré par le sang des martyrs et par un culte de onze siècles. Cet architecte voulait plaire aux prêtres et mourir riche. Il éleva de chaque côté de la nef les trois chapelles les plus voisines de l'entrée, et termina en 1612 la façade, sur laquelle on lit en caractères énormes :
PAVLVS V BVRGHESIVS ROMANVS, CtC.
Le Bernin ajouta plus tard les deux grands arcs aux extrémités de la façade ; il commença la construction d'un clocher que, fort heureusement, on fut obligé de démolir. Il fit ensuite la fameuse colonnade sous Alexandre VII, et l'effet de Saint-Pierre fut doublé.
En 1784, Pie VI a bâti une sacristie; mais, de son temps, l'architecture touchait au dernier terme de la décadence. Heureusement on ne voit guère cette sacristie, cachée derrière le côté gauche de l'église, dont elle gâte le contour extérieur.

LA FAÇADE

La mauvaise façade de Saiflt-Pierre, toute composée de petites parties, a cent cinquante-sept pieds romains de haut et trois cent soixante-six de large. Les colonnes, qui sont disposées de manière à ne produire aucun effet, ont cependant quatre-vingt-six pieds de hauteur et huit pieds de diamètre (hauteur des colonnes, quatre-vingt-six pieds et demi, la corniche dix-huit pieds, l'attique trente et un, la balustrade cinq pieds et demi, les statues seize; total égal, cent cinquantesept pieds).
Si le plan de Michel-Ange avait été respecté, du milieu de la .place on eût aperçu la coupole (à peu près comme on aperçoit le dôme des Invalides du côté du midi), tandis qu'aujourd'hui on ne voit qu'une façade carrée comme celle d'un palais. Remarquez an-dessus d'une porte, dans la bibliothèque du Vatican, la vue de Saint-Pierre tel qu'il eût été d'après le plan de Michel-Ange. Est-il sûr que Raphaël soit l'auteur du plan qu'on a préféré?
La croix placée au haut de Saint-Pierre est à quatre cent trente-deux pieds de terre. Les 28 et 29 juin de chaque année, jours consacrés à saint Pierre et à saint Paul, cette façade, les trois coupoles et la colonnade sont illuminées au moyen de trois mille huit cents lanternes et de six cent quatre-vingt-dix flambeaux. C'est du balcon, au-dessus de la porte principale, que, le jeudi saint, le jour de Pâques et celui de l'Ascension, le souverain pontife donne la bénédiction urbi et orbi.
En avançant vers l'église, on se trouve sous un grand vestibule sans physionomie. Aux deux extrémités sont deux mauvaises statues équestres qui portent les noms de Constantin et de Charlemagne, bienfaiteurs des papes. Si Charlemagne avait eu le géaic qu'on lui prête, il eût donné aux papes une province entière, mais située au milieu de la France.
Saint-Pierre a cinq portes; l'une d'elles est murée et ne s'ouvre que tous les vingt-cinq ans, pour la cérémonie du jubilé, Le jubilé, qui une fois réunit à Rome quatre cent mille pèlerins de toutes les classes, n'a rassemblé que quatre cents mendiants en 1825. Il faut se presser de voir les cérémonies d'une religion qui va se modifier ou s'éteindre.

VUE GÉNÉRALE DE L'INTÉRIEUR DE SAINT-PIERRE

On pousse avec peine une grosse portière de cuir, et nous voiei dans Saint-Pierre. On ne peut qu'adorer la religion qui produit de telles choses. Rien au monde ne peut être comparé à l'intérieur de Saint-Pierre. Après un an de séjour à Rome, j'y allais encore passer des heures entières avec plaisir. Presque tous les voyageurs éprouvent cette sensation. On s'ennuie quelquefois à Rome le second mois du séjour, mais jamais le sixième ; et, si on y reste le douzième, on est saisi de l'idée de s'y fixer,
Quand vous serez assez malheureux pour désirer connaître les dimensions de Saint-Pierre, je vous dirai que la longueur •de cette basilique est de cinq cent soixante-quinze pieds; elle a cinq ceui dix-sept pieds de large à la croisée. La nef du milieu a quatre-vingt-deux pieds de largeur et cent quarantedeux de hauteur! Elle est ornée de grosses statues de saints de treize pieds de proportion. Saint-Pierre est si beau, qu'on oublie leur laideur. Le rococo, mis à la mode par le Bernin, est surtout exécrable dans le genre colossal. C'est Dorat chargé de faire l'oraison funèbre de Napoléon. C'est encore le Bernin qui a gâté l'intérieur de Saint-Pierre par une foule de mauvais médaillons de marbre représentant divers papes. On peut dire qu'ils donnent l'idée de la magnificence à qui ne les examine pas en détail. Cet effet est dû au grandiose de l'architecture, à l'extrême propreté et aux soins infmis que l'on se donne pour que tout, dans Saint-Pierre, rappelle au voyageur qu'il est dans le palais du souverain.
En arrivant près du grand autel (en vérité, c'est un voyage), on aperçoit une sorte de trou revêtu de marbres magnifiques et de bronzes dorés. Cent douze petites lampes sont allumées jour et nuit autour de la balustrade de marbre qui environne ce lieu surbaissé. Là reposent les restes de saint Pierre ; c'est ici que ce premier chef de l'Église souffrit le martyre; ce lieu vénérable s'appelle la Confession (l'apôtre a confessé sa religion en donnant son sang pour elle); on a placé ici la statue de Pie VI, qui mourut en France dans l'exil ; elle est de Çanova ; la tête est traitée avec mollesse ; elle n'en est que plus ressemblante.
Le grand autel est disposé comme dans la primitive église ; le célébrant regarde le peuple ; le pape seul a le droit d'y dire la messe. \
Heureusement cet autel est assez simple, je le voudrais d'or massif; un baldaquin en bronze d'une hauteur énorme le fait apercevoir de loin. Cet ornement était nécessaire; mais on gémit quand on se rappelle qu'il a été fait avec du bronze en levé au Panthéon. C'est le cavalier Bernin qui exécuta ce baldaquin en 1663. Croiriez-vous qu'il est plus élevé que le palais Farnèse ? Le sommet est à quatre-vingt-six pieds du pavé ; c'est vingt et un pieds de plus que le fronton de la colonnade du Louvre ; on y employa mille huit cent soixante-trois quintaux de bronze 1.
Rien ne sent l'effort dans l'archit«cture de Saint-Pierre, tout semble grand naturellement. La présence du génie de Bramante et de Michel-Ange se fait tellement sentir, que les choses ridicules ne le sont plus ici, elles ne sont qu'insignifiantes.
Je ne crois pas que des architectes aient jamais mérité un plus bel éloge.
Je serais injuste si je n'ajoutais pas le nom du Bernin à celui de ces deux grands hommes. Le Bernin, qui, dans sa vie, essaya tant de choses à l'étourdie, a parfaitement réussi pour le baldaquin et pour la colonnade.
En levant les yeux quand on est près de l'autel, on aperçoit la grande coupole, et l'être le plus plat peut se faire une idée du génie de Michel-Ange. Pour peu qu'on possède le feu sacré, on est étourdi d'admiration. Je conseille au voyageur de s'asseoir sur un banc de bois et d'appuyer sa tête sur le dossier ; là il pourra se reposer et contempler à loisir le vide immense qui plane au-dessus de sa tête.
Le diamètre intérieur du Panthéon est de cent trente-trois pieds romains ; la coupole de Michel-Ange a cent trente pieds de diamètre ; elle commence à cent soixante-trois pieds du pavé. On compte, du pavé jusqu'à la voûte de la lanterne, trois cent soixante-neuf pieds. Pour soutenir le poids de ce temple élevé dans les airs, il-a fallu donner au mur vingt-quatre pieds d'épaisseur.
Sur la frise de l'entablement, on lit, en caractères de quatre pieds et demi de haut exécutés en mosaïque, le fameux jeu de mots sur lequel est fondée la puissance du pape, et en vertu duquel la totalité du sol de la France a été donnée trois fois à l'Église.
Tu es Petrus, et super hanc petram sedificabo ecclesiam meam, et tibi dabo claves regni cœlorum. Il faut avouer qu'on lui devait cet honneur.
Gardez-vous de chercher les noms de cette foule d'artistes médiocres qui ont rempli Saint-Pierre de tableaux, de statues, de bas-reliefs, de tombeaux, etc. De leur vivant ils étaient à la mode. Je nommerai ceux qui ont quelque mérite. La plupart ont été plus médiocres ici qu'ailleurs; ils avaient peur.
Lorsqu'on a pu s'arracher au spectacle de la coupole, on arrive au fond de l'église; mais, si l'on a de l'âme, déjà l'on est abîmé de fatigue et l'on n'admire plus que par devoir.....

LA COUPOLE

Vous savez que Bramante avait élevé jusqu'à la corniche les quatre énormes piliers de la coupole, qui ont chacun deux cent six pieds de circonférence. L'église de San-Carlo alle Ouattro Fontane occupe exactement l'espace de Ces piliers et ne paraît pas petite.
Bramante jeta les quatre grands arcs qui, comme des ponts, unissent ces piliers l'un à l'autre.
Voilà ce que Michel-Ange trouva; c'est là-dessus qu'il éleva sa coupole. Elle a cent trente pieds de diamètre, c'est-àdire trois pieds de moins que celle du Panthéon. Elle commence à cent soixante-trois pieds du pavé, et sa hauteur, prise depuis sa base jusqu'à l'ouverture de la lanterne, est de cent cinquante-cinq pieds. On ne croirait jamais que la petite lanterne qui est au-dessus a cinquante-cinq pieds de haut, l'élévation d'une maison ordinaire. Ainsi la coupole de Michel-Ange, enlevée de dessus les piliers, et placée par terre, aurait deux cent soixante pieds de haut, élévation qui surpasse celle du Panthéon. Montons sur les combles de SaintPierre pour voir la partie extérieure du dôme : le piédestal de la boule de bronze a vingt-neuf pieds et demi de hauteur ; la boule elle-même, sept pieds et demi. La croix qui couronne l'église est haute de treize pieds.
La hauteur totale de Saint-Pierre, depuis le pavé de l'église jusqu'au dernier ornement de la croix, est de quatre cent vingt-quatre pieds. Les Romains comptent onze pieds «Se plus, je crois, parce qu'ils mesurent l'élévation à partir du pavé de l'église souterraine, où est le tombeau d'Alexandre VI.
Cette hauteur fait frémir quand on songe que l'Italie est fréquemment agitée de tremblements de la terre, que le sol de Rome est volcanique, et qu'un instant peut nous priver du plus beau monument qui existe. Certainement jamais il ne serait relevé: nous sommes trop raisonnables. Deux moines espagnols, qui se trouvèrent dans la boule de Saint-Pierre lors de la secousse de 1750, eurent une telle peur, que l'un d'eux mourut sur la place *.
Pour que l'œil soit satisfait, le contour extérieur de la partie
1 Lors du tremblement de terre de 1813, le lit de M. Nystrom, qui loge près de Saint-Pierre, fut éloigné de la muraille de sa chambre de trois pouces.
sphérique d'une coupole ne doit pas être le même que le contour intérieur ; la coupole de Saint-Pierre a deux calottes, et entre les deux, rampe l'escalier par lequel on monte jusqu'à la boule.
Le tambour de la coupole (la partie cylindrique) est percé de seize fenêtres ; c'est à travers ces fenêtres qu'en se promenant au Pincio on aperçoit quelquefois le soleil qui se couche.
La voûte de la coupole est divisée en seize compartiments ornés de stucs dorés et de tableaux en mosaïque qui représentent Jésus-Christ, la Vierge, les apôtres, des saints, des anges. Comme effet de peinture, tout ceci est mal arrangé ; il fallait un homme de génie, un Corrége, un Michel-Ange, un Raphaël, un Aunibal Carrache, qui aurait osé inventer quelque chose. On ne trouva que de pauvres diables d'imitateurs, sans originalité ni audace, un cavalier d'Arpin, par exemple, qui a fait le Père Éternel qui est sur la voûte de la lanterne. Les Quatre Êvangélùtes, aussi en mosaïque, qui occupent le haut des façades principales des quatre piliers de la coupole, sont de César Nebbia et de Jean de' Vecchi. Chacun de ces piliers est orné de deux niches, l'une au-dessus de l'autre, exécutées sur les dessins du chevalier Bernin. Elles produisent un assez bon effet. Les niches supérieures ont des balcons et des colonnes torses de marbre blanc; ces colonnes, nommées Vitinee, soutenaient autrefois le baldaquin placé au-dessus de la Confession de Saint-Pierre, dans la basilique bâtie par Constantin *. Elles avaient été enlevées au temple de Jérusalem.
Pour les quatre figures en marbre de quinze pieds de proportion, qui remplissent les niches inférieures des piliers du
* Voir l'effet de ces colonnes dans un tableau attribué à Jules Romain, placé au Musée du Louvre, n° 1046, près le portrait de François Ier. C'est une circoncision du Sauveur, cérémonie qui a lieu dans le temple de Jérusalem.
côté du grand autel, il .eût fallu le génie de Michel-Ange. Rieu n'est plus médiocre que la Sainte Véronique qui présente un saint suaire et la Sainte Hélène tenant une croix. Le Saint Longin est du chevalier Bernin. La quatrième statue, Saint André, est du célèbre sculpteur flamand Français Duquesnoy, iju'en Italie on appelle il Fiammingo.
Je me fais violence pour ne pas placer ici deux pages de petits faits qui me semblent intéressants, parce que j'aime Saint-Pierre.

Promenades dans Rome - Stendhal - 1858